Une France sous influence by Pierre Péan

Une France sous influence by Pierre Péan

Auteur:Pierre Péan [Péan, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2016-01-17T05:00:00+00:00


17.

En guerre contre Kadhafi

La guerre en Libye révèle au grand jour les dangers d’une alliance quasi exclusive avec Doha. En soutenant les islamistes – dont les Occidentaux redoutent l’arrivée au pouvoir –, en leur fournissant des armes censées être acheminées à l’état-major des rebelles et à leur coalition – le CNT –, en n’en rendant pas compte à ses alliés, en achetant les chefs de guerre libyens, le Qatar, qui saisit là l’occasion de développer davantage encore son influence, laisse percer toutes les ambiguïtés de sa diplomatie.

19 mars 2011 : HBJ participe avec David Cameron, Hillary Clinton et Ban Ki-moon, au sommet international sur la Libye organisé à Paris. Sur la photo qui immortalise l’événement, le Premier ministre et diplomate en chef de l’émirat se tient bien droit, au premier rang des dirigeants. L’émirat joue désormais dans la cour des Grands. À l’issue des discussions, Nicolas Sarkozy se fait le héraut du peuple libyen contre la barbarie de son tyran et déclare la guerre à Kadhafi : « Des peuples arabes ont choisi de se libérer de la servitude dans laquelle ils se sentaient depuis trop longtemps enfermés. Ces révolutions ont fait naître une immense espérance dans le cœur de tous ceux qui partagent les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. […] Aujourd’hui, nous intervenons […] pour protéger la population civile de la folie meurtrière d’un régime qui, en assassinant son propre peuple, a perdu toute légitimité. Nous intervenons pour permettre au peuple libyen de choisir lui-même son destin. Il ne saurait être privé de ses droits par la violence et par la terreur. » La démocratie, les droits de l’homme et l’autodétermination des peuples : tels sont, selon ce beau discours, les enjeux de l’offensive.

« Heureusement qu’il était là [Sarkozy], parce que le monde entier s’apprêtait à contempler à la télévision des massacres commis par le colonel Kadhafi, déclare alors Claude Guéant qui, depuis le secrétariat général de l’Élysée, a suivi les négociations entre Total et la Libye, avant d’être nommé ministre de l’Intérieur en février 2011. Heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies, puis la Ligue arabe et l’Union africaine1. »

La Libye est-elle la première des dictatures qu’il faille faire tomber sur le continent ? La démocratie est-elle l’enjeu essentiel de cette guerre lancée contre Kadhafi ?

À l’époque, la diplomatie de Nicolas Sarkozy essuie un flot de critiques. Le 23 février 2011, des fonctionnaires du Quai d’Orsay, de toutes générations et d’obédiences politiques variées, certains actifs, d’autres à la retraite, s’en prennent violemment à la politique extérieure du chef de l’État. « À l’encontre des annonces claironnées depuis trois ans, dénonce le Groupe Marly2, l’Europe est impuissante, l’Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore ! Dans le même temps, nos avions Rafale et notre industrie nucléaire, loin des triomphes annoncés, restent sur l’étagère. Plus grave, la voix de la France a disparu dans le monde.



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